Il s'agit bien de là d'un débat intéressant, mêlant philosophie à sa praticité au sein de l'humain. La question n'est non pas ce qu'elle se situe, mais plutôt comment elle peut façonner la vie telle qu'elle le fait pour nos deux membres qui, aujourd'hui, s'identifient comme philosophes.
Nous pourrions débuter par proposer une définition, or, cela nous paraît ennuyant, car déjà nous vous présentons un argument qui semble bien le déterminer. Le voici.
H: Je suis nihiliste, c’est-à-dire que je ne pense pas que les valeurs et les morales existent pour vrai. Il ne peut pas exister de chose telle qu’une valeur dans univers, du moins je ne vois pas comment c’est possible, puisque le monde est constitué de matière et rien dans ce monde ne peut me révéler à faire quoi que ce soit en pensant que l’action en question est prioritaire.
B: Je suis d’accord. La nature de la moralité est qu’elle nous incite à faire une chose plutôt qu’une autre, et elle varie d’une société à une autre. Par exemple, dans notre société, les notions comme la réussite économique, la popularité, la vie matérielle sont considérées importantes, mais fondamentalement que je sois riche ou pauvre, populaire ou solitaire, cela n’a aucune importance pour l’espace dans lequel j’existe.
H: Tout à fait. C’est la raison pour laquelle je méfie ces constructions sociales. Je pense que les humains pourraient vivre une vie significative seulement à travers la philosophie ou la réflexion en général.
B: Je partage entièrement ton échelle de valeurs, c’est aussi ce que j’essaie d’appliquer dans ma vie. Mais je dois indiquer qu’il existe ici une incohérence. Quand tu dis que tu préfères réfléchir que faire d’autres choses, par exemple procurer du plaisir physique, tu priorises encore une action et non une autre. Est-ce que cela contredit tes principes nihilistes?
H: Non, parce que je suis arrivé à cette conclusion par un processus réflexif après avoir réalisé la nature nihiliste du monde, ce que j’ai réalisé aussi en réfléchissant. L’apprentissage et la réflexion sont des processus continus, l’importance est d’avoir une attitude active face aux inconnus.
B: C’est vrai, on fait tous nos jugements en nous basant sur les informations qu’on connaît, mais on sait encore très peu, si on compare nos connaissances à celles de toute l’humanité. Alors même notre position nihiliste n’est que temporaire et hypothétique. Il faut toujours avancer dans notre apprentissage.
H: Tout à fait.
B: Seulement, même si tu arrives à cette conclusion, tout le monde n’arrive pas nécessairement à la même conclusion que toi. Autrement dit, ce système de valeur qui valorise l’apprentissage n’est pas incontournable. Je connais une personne qui a fait exactement la même chose que toi, et qui a fini par être existentialiste et crois que seule notre subjectivité fabrique des sens. Il n’a qu’un argument, l’argument qu’on a trouvé ensemble à 13 ans et qui reste valide jusqu’à maintenant, pour lui et pour moi.
H: C’est quoi l’argument?
B: Le monde est fait de molécules.
H: Je comprends ce que vous voulez dire. C’est la même idée, les valeurs ne peuvent pas exister dans un monde objectif. Mais les molécules sont juste une structure très sommaire et il existe d’autres modèles qui décrivent mieux la nature. On peut arrêter devant les molécules en disant que c’est ça le monde, c’est plat, mais rien ne nous empêche d’aller plus loin et de découvrir les atomes, les protons et les quarks.
B: C’est exactement ce qu’il a fait, il étudie en physique fondamentale maintenant à l'université et il est encore existentialiste. C’est parce que plus on étudie la structure du monde, plus on réalise que le monde n’a pas vraiment de rapport avec les humains sur la terre : nos activités n’ont aucune importance pour la trajectoire des électrons ou pour l’élargissement de temps-espace.
Mais j’avoue que l’exploration représente une certaine dignité ou attitude des humains se trouvant existant dans ce monde. Au lieu de se soumettre à certains systèmes naturels de récompense et d’aller chercher le plaisir ou s’inventer un père pour fuir l’anxiété que produit l’immense espace vide autour de nous, on se tient droit et cherche à comprendre courageusement pourquoi on est là.
Conclusion de nos chers philosophes: La conclusion ne peut être atteinte qu'après autres débats qui ne sont possibles sans que la fatalité de J nous rappelle que le nihilisme seul n'est que parti pertinent à notre mode de vie.