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  • Gillian

L'influence du Seigneur des anneaux sur la Roue du temps


La guerre est un événement extrêmement traumatisant et certaines personnes l’ayant vécue ressentent, par la suite, le besoin d’écrire à propos de leur expérience. Robert Jordan (1948-20007) et J. R. R. Tolkien (1892-1973) ont tous les deux vécu la guerre. En effet, Tolkien a vécu la Deuxième Guerre mondiale et Robert Jordan a été un soldat lors de la Guerre du Vietnam. Par la suite, les deux se sont tournés vers l’écriture de la fantasy tout en se basant sur leurs expériences personnelles. Tolkien a écrit Le Seigneur des anneaux (1954) et Robert Jordan, La Roue du temps (1990-2013). Cependant, il est important de noter que Tolkien a écrit Le Seigneur des anneaux pratiquement 40 ans avant la série de Robert Jordan. Considérant cela, en plus du fait que Tolkien est considéré comme le père de fantasy moderne, il est pratiquement impossible que Tolkien n’ait pas influencé Robert Jordan. Par exemple, l’histoire commence par une magicienne qui part à l’aventure avec de jeunes adultes venant d’un petit village. Un des jeunes est évidemment l’élu de la prophétie qui dit qu’il n’y a que lui qui peut sauver le monde de forces du mal. Cela vous semble-t-il familier? Ainsi, comment Tolkien a-t-il influencé la série de La Roue du temps? Premièrement, un des personnages de la série de Jordan, al’Lan Mandragoran, est pratiquement identique au personnage d’Aragorn dans l’œuvre de Tolkien. De plus, les deux hommes explorent le thème de la corruption du pouvoir en utilisant la magie comme métaphore.

Donc, il est très probable que al’Lan Mandragoran ait été inspiré par Aragorn. En effet, les deux sont les derniers survivants de la lignée royale d’un royaume qui a été conquis par les forces du mal. Lan est le roi du Malkier et Aragorn, celui de Gondor. Ces deux royaumes sont à la frontière du royaume des forces du mal et étaient censés prévenir une résurgence des forces du mal. Malheureusement, ce n’est pas ça qui s’est produit. Cependant, la ressemblance ne s’arrête pas là. En effet, en plus de partager un passé similaire, les deux remplissent le rôle de l’archétype du guerrier dans leur groupe. Ils sont tous les deux d’excellents épéistes (Lan est considéré comme le meilleur épéiste dans le monde de La Roue du temps), ils sont aussi de bons traqueurs, peuvent être considérés comme des rangers et agissent comme le protecteur de leur groupe. Ainsi, il est impossible de ne pas voir la ressemblance entre les deux hommes et, ainsi, remarquer l’influence de Tolkien sur l’œuvre de Robert Jordan.


De plus, les deux auteurs illustrent comment le pouvoir corrompt les hommes. En effet, dans Le Seigneur des anneaux, l’anneau de pouvoir corrompt celui qui le porte et est extrêmement addictif, car, lorsqu’on commence à le porter, on ne veut plus l’enlever. Dans La Roue du temps, la situation est un petit peu différente. En effet, dans ce monde, la magie est divisée en deux : il y en a une pour les femmes et une pour les hommes. Le Seigneur des ténèbres a corrompu le côté mâle de la magie. Ainsi, tout homme qui peut utiliser la magie va devenir complètement fou et corrompu. De plus, la magie est particulièrement dangereuse autant pour les hommes que pour les femmes, car c’est pratiquement une drogue. Un peu comme l’anneau, lorsqu’on commence à utiliser la magie, on ne veut plus arrêter et on veut continuer à en utiliser plus ce qui peut mener à la mort. Cela est extrêmement bien exprimé dans cette citation :


« Se retournant, il s'unit au saidin et s'emplit de Pouvoir. Aussitôt, il eut le sentiment que l'essence même de la vie se déversait en lui, multipliant par dix ou même par cent son énergie vitale. En même temps, la souillure du Ténébreux l'envahit, la mort et la corruption grouillant dans sa bouche comme des asticots. Face à ce torrent qui menaçait à tout moment de l'emporter, il se battit pied à pied pour ne pas lâcher prise. Depuis le temps, il s'était presque habitué à ce phénomène, avec la sensation totalement contradictoire qu'il ne s'y accoutumerait jamais. Mais comment concilier des sentiments si opposés? Le désir de s'accrocher à jamais au saidin, savourant sa douceur, et l'envie presque irrépressible de vomir... Tout ça pendant que la tempête qui faisait rage en lui tentait de lui arracher la chair des os puis de réduire ceux-ci en cendres. » (Les feux du ciel, Robert Jordan)

Cette citation montre vraiment la contradiction de la magie de La Roue du temps : cet aspect doux et attirant mêlé avec ce sentiment de corruption. C’est cette contradiction qui rend la magie si dangereuse, car son côté destructeur est caché par sa douceur. Encore une fois, c’est de toute évidence une métaphore pour illustrer l’ambition et le désir pour le pouvoir qui est sans fin ainsi que le côté destructeur du pouvoir.


Les deux auteurs, passant par une métaphore reliée au fantastique, explorent donc le thème de la corruption inévitable du pouvoir. Un point intéressant à noter est le fait que, dans la série de Jordan, ce ne sont que les hommes qui sont corrompus par le pouvoir ce qui amène un débat très intéressant quant à la résistance à la corruption des deux genres. Tolkien ne parle pas beaucoup de cet aspect du thème, mais il est possible de remarquer que les femmes dans la série ne semblent pas vraiment affectées par l’anneau. Par contre, il est vrai que la taille de l’échantillon est extrêmement petite… Tout de même, Galadriel semble bien résister au pouvoir de l’anneau. Cependant, on remarque que, selon Tolkien, les gens ont différentes résistances à la corruption. Par exemple, Sam et Borormir ont des réactions totalement différentes à l’anneau alors que selon Jordan, tous les hommes deviennent fous sans exception. Tolkien a donc encore un minimum d’espoir en l’humanité contrairement à Jordan. Ainsi, les deux écrivains parlent de la corruption inévitable qui vient avec le pouvoir et il y a trop de ressemblances quant à la présentation de ce thème (grâce à une métaphore liée à la magie) pour que Tolkien n’ait pas influencé Jordan un minimum.


Donc, al’Lan Mandragoran est fortement inspiré d’Aragorn et Robert Jordan s’est inspiré de la métaphore que représente l’anneau pour lui aussi parler de la corruption du pouvoir. Cependant, il est clair que Robert Jordan n’a pas seulement été inspiré par Tolkien. On peut aussi observer des aspects de l’histoire qui ont été inspirés par Dune. Par exemple, les Aes Sedai, dans La Roue du temps, des magiciennes qui manipulent les courants politiques selon leur gré sont pratiquement identiques aux Bene Gesserit de Dune. De plus, les Aiel, dans La Roue du temps, qui sont un peuple du désert vivant selon leur propre code d’honneur et que le reste du monde considère comme des sauvages sont très semblables aux Fremen dans l’œuvre de Frank Herbert.



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